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Photo du rédacteurAtelier H.Audibert

L’extinction des villes à la tombée de la nuit, bonne ou mauvaise idée ?


11 millions de points lumineux sont visibles depuis le ciel

 

Depuis une décennie, les municipalités et agglomérations de tout l’hexagone cherchent et expérimentent des solutions pour diminuer les méfaits de l’éclairage nocturne. Des mesures plébiscitées qui y voient une nécessité écologique pour la préservation des insectes et des étoiles mais aussi pour réaliser des économies d’énergie. 



Les 11 millions de points lumineux perceptibles en France représentent une puissance de 1300 MégaWatts (MW), soit celle d’un réacteur nucléaire ou d'environ 500 000 foyers, l'équivalent de la ville de Lyon. L’extinction de l'éclairage public représente des économies considérables pour les villes et agglomérations.


Selon un article de Science et avenir, entre le mois de mai 2022 et le mois de mai 2023, la consommation en éclairage public des villes aurait baissé de 35,4%, à 2h du matin. Dans les villes de moins de 10 000 habitants, l’extinction totale de l’éclairage permet une diminution de 20% de consommation électrique. Pour que ces économies soient effectives, il est néanmoins nécessaire que les villes et agglomérations vérifient leurs abonnements et pensent à les renégocier avec leurs fournisseurs d’énergie.


Préservation de la faune et de la flore 


Mais c’est évidemment sur la nature et la biodiversité qu’on note le plus de bienfaits à l’extinction des éclairages publics. Dans un article de la Peste et la relève, Stephen Kerckhove, directeur de l’association Agir pour l’environnement (APE) estime que l’éclairage nocturne est un insecticide invisible : « Une étude a montré que les prairies soumises à la pollution lumineuse enregistrent une baisse de 62 % des visites des pollinisateurs. ». On vous en parlait aussi sur notre blog, il y a quelques mois.  


Pour les oiseaux aussi les bénéfices de l’extinction de l’éclairage public sont nombreux. Pour beaucoup d’espèces, notamment pour les oiseaux migrateurs, il en va d’ailleurs de leur survie. La pollution lumineuse peut les attirer les villes et leurs dangers, désorienter et les pousser à tourner en rond jusqu’à épuisement causant parfois leur collision avec des immeubles. En tamisant ou éteignant complètement la lumière, les oiseaux peuvent ainsi sortir des agglomérations et s’orienter en fonction de la lumière du soleil.


« Aujourd’hui, allumer un réverbère c’est éteindre les étoiles »

La disparition des étoiles est donc une réalité qui empire d'année en année à cause de la pollution lumineuse. Ces douze dernières années, selon 10 000 points d'observations à travers la planète, elle a progressé de 10%, comme l'explique une étude du magazine Science. Et « Aujourd’hui, un enfant qui naît dans un endroit où il peut voir 250 étoiles la nuit n’en verra plus que 100 quand il aura 18 ans. Nous perdons un des plus vieux héritages communs de l’humanité », regrette l’astrophysicien Éric Lagadec dans un article de Ouest France .


La citation de Samuel Challeat additionnée à la constatation scientifique que les étoiles disparaissent nous touche particulièrement. A l’atelier H.Audibert, imprégnés de cette philosophie et de la volonté initiée par Roger Narboni de maintenir une trame noire, nous faisons en sorte de proposer une mise en lumière non invasive limitée à son usage nécessaire, à la tombée de la nuit. Pour cela nous mettons en place une détection ou une programmation bien précise. Nous avons d’ailleurs déjà fait un post à ce propos,  et nous avons appliqué ce procédé à Village Nature


Insécurité réelle ou sentiment d’insécurité?  


"Plus d’agressions dans des lieux éclairés que dans ceux obscurs"

Malgré tous les bénéfices apportés par l’extinction de la lumière à la tombée de la nuit, certains contradicteurs peuvent y trouver des aspects négatifs. On peut notamment redouter l’augmentation de l’accidentologie routière en zone urbaine mais il semblerait au contraire que l’extinction augmente la prudence des automobilistes. Parmi les autres risques dans certaines municipalités, on avance l’idée selon laquelle, l’extinction engendrerait une insécurité ou du moins un sentiment d’insécurité pour les piétons. Ce sentiment est néanmoins, à en croire le travail de l’anthropologue urbaine et socio-ethnographe Chris Blache, « une construction sociale ». Comme l’indique la chercheuse au Huffington Post, « il y aurait beaucoup plus d’agressions dans des lieux éclairés que dans ceux obscurs ».  Il convient donc de déconstruire, au plus vite, cette idée reçue selon laquelle, la pénombre serait vecteur d’insécurité.


Au-delà du sentiment d’insécurité, plus que de l’insécurité elle-même, l’extinction totale peut aussi induire une désertification des zones éteintes, à la tombée de la nuit. C’est pourquoi les centres villes n’ont aucun intérêt à être totalement éteint. Ils le sont partiellement à partir de 23h ou alors il est possible de mettre en place une détection et de miser sur une trame noire dans les zones végétalisées.


L’atelier H.Audibert est actuellement en train de réaliser un projet de mise en lumière des abords de la gare de Goussainville avec l’atelier Iris Chervet. Dans le cadre de ce projet ou  l’Atelier H.Audibert prévoit d’éteindre complètement le parc dès sa fermeture afin de constituer une trame noire et ainsi favoriser la préservation de la faune et de la flore.


En conclusion, malgré toutes les critiques, il semblerait que l’extinction des villes et agglomérations en cœur de nuit soit belle et bien une réussite aussi bien d’un point de vue économique qu’écologique.


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