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Raconter le lien entre passé et présent grâce à la lumière

  • Photo du rédacteur: Atelier H.Audibert
    Atelier H.Audibert
  • il y a 55 minutes
  • 6 min de lecture
Extérieur musée Gallo-Romain Saint Roman en Gal

Pour mettre en lumière des espaces mêlant passé et présent, l'atelier H. Audibert met tout en œuvre pour faire délicatement cohabiter les deux espaces temps. Ce travail de mise en lumière s'illustre notamment dans deux projets, à savoir le Musée national de l'Histoire de l'immigration situé à Paris, et le concours du musée Gallo-Romain de Saint Roman en Gal.


L'atelier Maciej Fiszer et l'agence Alter Ego se sont chargés de la scénographie et du parcours muséographique de l’exposition permanente du MNHI. Elle début à l'instauration du code noir appelé aussi édit sur la police des esclaves, jusqu’à nos jours. 

 

 Un bâtiment riche en histoire

 

En travaillant en étroite collaboration avec les équipes dès le début du projet, l’atelier H.Audibert a pu prendre part à la narration déployée au fil des salles d’exposition, dans un bâtiment lui-même déjà chargé d’histoire.  Il n’était évidemment pas question d’ajouter de la théâtralité ni de concevoir une lumière décorative dans un tel espace.

 

Inauguré au début du XXe siècle, ce bâtiment construit sur le même modèle que l’actuel Palais de Tokyo ou le musée d’art moderne, était alors baptisé le Musée des colonies. Il a ensuite abrité le musée de la France d’Outre mer, celui des arts africains et océaniens devenu ensuite le musée des arts d’Afrique et d’Océanie jusqu’en 2003. Après des années de réflexion, il est décidé qu’il abritera le Musée national de l’histoire de l’immigration (MNHI). Il s’agissait donc de changer l’image de ce bâtiment jusqu’ici associée au passé colonial de la France en montrant les nombreuses vertus de l’immigration aussi bien d’un point de vue culturel, social qu’économique.


Salle d'exposition du MNHI

 

Pour évoquer l'histoire de l’immigration français sans nier le lourd passé colonial du pays, les scénographes et architectes ont fait preuve de beaucoup de réflexion et de finesse dans le choix de la scénographie et des œuvres exposées. Le travail de mise en lumière, sollicité dès la gestation du projet s’inscrit, lui aussi dans cette même démarche historique afin de donner à voir sans trahir le propos scénographique échafaudé par l’atelier Maciej Fiszer et l’agence Alerte Ego. 

 

 

Délicate gestion de la lumière naturelle et artificielle

 

Ce lieu monumental dispose de larges fenêtres et sources de lumière naturelle. Il a fallu les filtrer à 98% dans certains espaces afin de ne pas détériorer les œuvres exposées et conserver le ton donné par la scénographie. Des anneaux lumineux ont été ajoutés aux lanterneaux pour reproduire le cycle circadien de la lumière et garantir un confort visuel aux visiteurs. Dans d’autres salles au contraire, la lumière naturelle a été conservée et des filtres occultants ont été apposés sur les baies vitrées pour laisser une transparence sur l'extérieur. Pour éclairer sans éblouir, dans la galerie chronologique, l’atelier H. Audibert a installé des linéaires de wall washers. Les détails des œuvres exposées sont mis en valeur à l’aide des projecteurs équipés de cadreurs. Pour éclairer les vitrines cloches, de mini projecteurs sur mâts et des arches lumineuses ont été mis en place. Enfin, pour respecter les normes de préservation des œuvres, les mettre délicatement en lumière et offrir une déambulation confortable aux visiteurs, l’atelier a éclairé les différents espaces avec de discrets petits appareils réglés en 3000 degrés kelvins.

 


Salle d'exposition du MNHI

 

Dans l’ensemble de l'exposition, comme pour chacune de nos interventions, la lumière conserve une discrète présence constante et maîtrisée. A l'atelier H.Audibert nous éclairerons bien évidemment certaines pièces ou œuvres précises mais nous aimons aussi révéler certains espaces pour permettre aux visiteurs d’un avoir une perception singulière. Avec la conception lumière, Il ne s’agit pas uniquement d’avoir une approche technique et fonctionnelle mais d’inscrire la lumière dans le narratif de la nouvelle collection permanente. La lumière accompagne le parcours scénographique du Musée national de l’histoire de l’immigration et s’harmonise avec l’existant dans l'édifice historique. Délicatement orienté par une mise en lumière homogène, le visiteur évolue ainsi d’un espace ou d’une salle à l’autre sans être gêné par les changements d’ambiances lumineuses. 


Salle d'exposition du MNHI

 

Au Musée national d’histoire de l’immigration, l’atelier H.Audibert s’est appliqué à offrir une conception lumière cohérente et respectueuse du lieu et de la thématique abordée. Le parcours muséographique offre ainsi une ambiance douce et des transitions fluides pour accompagner la sobriété de ce lieu de mémoire. En refusant d’ajouter de la théâtralité au projet, la lumière bâtit un pont entre l’histoire et le projet contemporain qui a récemment pris place dans le palais de la Porte Dorée. 


De l'antiquité à nos jours


En participant au concours du musée Gallo-romain de Saint Roman en Gal, avec l'agence d'architecture Phileas et les scénographes de Casson Mann, l'atelier H.Audibert avait également réfléchi à la lumière en tant que pont entre passé et présent.


En effet, dès l’antiquité, la lumière jouait un rôle culturel et symbolique important. Chaque création jouait avec les nuances d’ombres et de lumières, ce qui façonnait une palette expressive. Deux millénaires plus tard, la maîtrise de la lumière est totale. Cette avancée permet donc de multiplier les possibilités techniques pour mettre en valeur les différentes collections du musée et tissent une poésie lumineuse à travers les âges.


Atrium du musée Gallo-Romain de Saint Roman en Gal

Dès l’entrée, le projet prévoyait mosaïque suspendue dans l’espace. Composée de matériaux récupérés in-situ, l'idée était de lui donner vie grâce à des jeux de lumière dynamiques. Un éclairage miniaturisé aurait mis les objets présentés dans “le mur de décor” en lumière. Le visiteur pénétrait ensuite dans l’enceinte du bâtiment d’exposition. Dans cet espace, la lumière devait agir comme un guide grâce au tapis lumineux, déroulé pour les visiteurs. La lumière délimitait l’espace, créait de la perspective, attirait l’œil, ou au contraire le trompait.


Dans cet espace totalement scénographié, quelques fenêtres renvoyaient brièvement au monde contemporain sans extraire le visiteur de la bulle temporelle dans laquelle il etait immergé. L’exposition débutait par un élément scénique surélevé évoquant la Via romaine. Différents objets y étaient présentés et sublimés par notre mise en lumière. Elle se composait d’une succession de lumière artificielle et de vidéo-projections dans un harmonieux fondu. Le dispositif lumineux jouait également sur les températures de couleur pour créer des impressions de lumière naturelle rappelant celle des atriums antiques ou au contraire des matières chaudes pour évoquer l’éclairage à la bougie. De l’autre côté de la «Via», plongeait dans les savoir-faire Gallo-Romains. La lumière mettait en valeur les collections et offrait une immersion dans la cité “Vienna Allobrogum“. Il s’agissait de simuler des reflets aquatiques, faire vivre les fours par des chatoiements colorés et de recréer la lumière matinale du marché.


Un Parcours extérieur contemplatif


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Le parcours se poursuivait dans l’édifice funéraire et la maison aux cinq mosaïques. Un espace où la lumière façonnait une réelle ambiance et valorisait les collections. A la tombée de la nuit, l’ensemble du parcours s’apparentait à une balade lumineuse invitant le visiteur à porter un autre regard sur les vestiges. La rue du commerce se drapait alors de lumière chaude (2200°K) rappelant les “candelabra”, jouant avec les éléments de décors. Des ombres portées et des formes humaines se distinguaient alors.


La passerelle extérieure dédiée à la déambulation aurait été mise en lumière de manière continue. Elle dessinait un cercle sur l’ensemble du parcours. Pour la différencier de la rue du commerce, la passerelle dispose d’une température de couleur de 2700°K. Cela permettait aussi une distinction entre passé et présent. Ponctuellement, la passerelle se dotait de projecteurs en sous face pour mettre l’accent sur les vestiges et jouer avec les ombres portées, leur conférant une atmosphère onirique.


Les abris étaient tous éclairés pour apporter une présence nocturne ainsi qu’une autre dimension aux ruines antiques. Sous le bâtiment de l’exposition permanente, le plafond s’éclaire et retrace le plan cadastral du site archéologique grâce à des plaques de métal déportées de quelques centimètres afin de laisser s’échapper un halo lumineux visible, de jour comme de nuit. Le restaurant était mis en lumière à l’aide d’appliques murales reprenant les suspensions de l’accueil et des rubans leds contrôlables étaient disposés entre les ventelles du plafond pour façonner une ambiance lumineuse chaleureuse.


 musée gallo romain de Saint Roman en Gal

Grâce à la gestion des sources lumineuses, la mise en lumière pouvait s’adapter à tous les usages de l’espace restauration. A sa fermeture, le restaurant se transformait en lanterne, et proposait un délicat show lumière lui conférant une identité nocturne singulière dans le paysage viennois. Enfin, le palais des miroirs, véritable joyau antique, reprend sa vocation de therme, la nuit tombée grâce à des projections rappelant les effets

caustiques. Elles sont visibles depuis la route attenante au musée, pour donner envie aux passants et automobilistes de venir explorer le site.


Dans les deux projets, que sont le Musée de l'Histoire national de l'immigration et le Musée Gallo-Romain la lumière fait délicatement le lien entre le passé et le présent afin de faire cohabiter deux temporalités en un même espace et permettre aux visiteurs de passer de l'une à l'autre au fil de sa déambulation.

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