A l’atelier H.Audibert, on travaille tous les jours sur des projets, à la constitution de dossiers de candidature, de dossiers de concours une fois la première étape franchie ou encore à la rédaction de propositions de missions. On passe également beaucoup de temps à chercher des idées de mise en lumière, de luminaires ou d’appareils adaptés à un projet, à une demande de la Maîtrise d'œuvre ou de maîtrise d’ouvrage. Enfin, on réalise aussi des tests pour s’assurer de la faisabilité d’une conception et de son résultat avant prescription ou installation. En un mot, on est sans cesse en réflexion et créatifs. Beaucoup de projets sont néanmoins conçus par nos soins à l’atelier sans forcément prendre vie par-delà nos murs. L’idée est donc ici de revenir sur certains projets qui faute de moyens ou de victoire à un concours n’ont pas pu être visibles pour le grand public. Nous aborderons plusieurs thématiques au fil des semaines mais revenons d'abord sur les projets extérieurs.
Les Tours de Bobigny
Parmi nos projets qui n’ont malheureusement pas vu le jour, ces dernières années, il y a notamment un somptueux projet de mise en lumière de tours HLM à Bobigny. Et oui l'adjectif somptueux est complétement approprié. Ce projet conçu en collaboration avec l’agence Patriarche devait en effet apporter de la poésie dans le paysage nocturne, très minéral de cette ville de banlieue parisienne.
Pour les animer à la tombée de la nuit, l'atelier souhaitait les consteller de petits points lumineux invisibles, de jour. Disposées suivant une cartographie précise, les sources devaient émettre une lueur, de couleur unie, avec de très légères variations pour donner vie à une mise en lumière. Cette programmation faisait apparaître de délicats mouvements suggérant le passage de nuages ou du vent. Sur les façades sud, des cirrus ou nuages effilés faisaient leur passage. Sur celles orientées nord, des cumulus, plus ronds, habillaient de manière passagère, les immeubles.
La mise en lumière de l’Atelier H.Audibert mettait ici l’accent sur la fugacité de l'instant, contrastant avec les imposants bâtiments ancrés et immuables. En déambulant dans le grand ensemble, à la tombée de la nuit, les usagers distinguaient ainsi un tout autre aspect des tours. Grâce à cette mise en lumière, l'ensemble disposait d’une identité lumineuse créant un lien entre les bâtiments.
La Clairière de Novembre à Paris
Dans les projets qui n'ont pas vu le jour, nous avions également conçu La Clairière de Novembre. Retour sur ce majestueux projet mémoriel en hommage aux attentats du 13 novembre 2015, en collaboration avec In situ et l'artiste Gilles Brusset. Dans ce puissant projet, l’écrin de verdure plongé dans la pénombre devait être perceptible de loin. En approchant on aurait ensuite découvert cent-trente étoiles, comme le nombre de victimes, se mêlant à la végétation. L'idée était qu'elles fassent de brèves apparitions selon les déplacements des visiteurs ou la force du vent. L'œil devait être attiré par cette lumière mouvante au contact de l’eau, du vent, des vibrations ou encore du son. Dans ce projet, l'idée était que les astres semblent presque figurer sur les murs. Au centre de la clairière, le monolithe circulaire, éclairé par un “éclat de lune”, conférait une dimension apaisante au site installé au milieu de la forêt urbaine. Les noms des victimes du 13 novembre 2015 seraient alors apparus à travers les ondes aquatiques façonnant des caustiques sur la végétation environnante. Nous souhaitions donner une dimension singulière à la lumière. Chaque point lumineux symbolisait la fragilité de la vie. Isolés, ils paraissaient vacillants mais ensemble, ils constituaient une voûte céleste assurée attirant les regards vers le ciel et les étoiles. Enfin, des brins d’acier corten devaient jaillir du sol comme des chandelles chancelantes. Incarnant une lumière permanente, ces chandelles auraient traversé les jours et les nuits reliant ainsi la terre et le ciel constellé d’étoiles.
Esplanade De Gaulle à Epernay
Dans un autre registre, parmi les projets qui n'ont pas vu le jour, nous avions également participé au projet de candidature concernant la rénovation de l'Esplanade De Gaulle à Epernay, toujours avec In Situ. Petit retour sur la genèse du projet. Ce parc était un lieu attractif grâce à la présence d'u ballon captif mais également par sa situation centrale et sa proximité avec le futur pole multimodal. Il se présentait comme un espace de nature en ville sur deux hectares. Le projet de rénovation concernait essentiellement deux espaces, le Jard végétal et le parvis minéral.
Sur le parvis, l’espace était éclairé par des colonnes lumineuses à hauteur d’homme pour offrir une lumière plus domestique et apporter une identité nocturne au parvis. Des découpes au laser permettaient d’y intégrer un motif sur mesure. D’autres luminaires étaient intégrés au mobilier urbain pour offrir un éclairage indirect proche du balisage et garantir une déambulation confortable, sans risque d’éblouissement, aux usagers. Une attention particulière est portée sur le fait de ne pas éclairer la végétation.
Du côté des fontaines de brumes nous proposions, à la tombée de la nuit, de les maintenir allumer à faible hauteur et en rétro-éclairement. Cela devait produire une lumière poétique et vaporeuse guidant les promeneurs à travers le parvis. L’extinction des brumisateurs et de la lumière était programmée à un horaire défini avec la maîtrise d’ouvrage par souci d’économie d’énergie et dans le respect de la faune et de la flore nocturnes.
La mise en lumière du Jard permet de délimiter les différents espaces et niveaux ainsi que leurs usages. Les rues et pistes cyclables sont mises en lumière avec une température de lumière plus froide afin de garantir une visibilité maximale adaptée à la circulation des véhicules motorisés, mais aussi aux circulations douces et piétonnes. Les deux allées piétonnes sont quant à elle mise en lumière avec une température de couleur plus chaude pour accompagner tranquillement les piétons dans leur parcours.